
CHAPITRE PREMIER
Rutabaga pousse un soupir si long et si profond que tous les animaux de la maison-citrouille dressent la tête et se taisent. Même Nabu se réveille en sursaut de sa cinquième sieste de la journée et n’ose plus bouger d’un millimètre.
Il ne faut surtout pas embêter Rutabaga quand elle est en colère…
— Encore cette pluie ! Z’en ai plus qu’assez ! Mes nouvelles coccitrouilles [1] vont être toutes pourries si ça continue ! Ze sais ! Ze vais mettre un parapluie zéant pour les protézer.
Aussitôt, Rutabaga se précipite dehors malgré la pluie. Avec un grand geste de sa baguette magique en bois de Jettimo, elle s’écrie :
— Parapluie zéant ! En avant !
Plop !
Un immense parapluie fermé apparaît au-dessus du champ de coccitrouilles.
Rutabaga sourit, ravie de son idée.
[1] Les coccitrouilles sont des citrouilles rouges à pois noirs.
— Parapluie zéant ! Ouvre-toi ! continue-t-elle en agitant sa baguette.
Quelques instants passent. Le parapluie ne s’ouvre pas.
Rutabaga répète d’une voix plus forte :
— Parapluie zéant ! Ouvre-toi !
Le parapluie est suspendu dans les airs mais reste fermé.
Elle hurle :
— Parapluie zéant ! Ouvre-toi !
La pluie tombe de plus en plus fort. Elle est aussi trempée qu'un morceau de tartine tombé dans un bol de chocolat. Mais le parapluie ne bouge toujours pas. Et soudain elle comprend. Il fallait prononcer ‘parapluie géant’ et non pas ‘parapluie zéant’ ! C’est pour ça qu’il refuse de s’ouvrir.
Découragée et dégoulinante de pluie, Rutabaga rentre au plus vite se mettre à l’abri.
Elle est furieuse contre ce déluge qui tombe sans s’arrêter depuis des jours, et aussi contre son imbécile d’arrière–arrière-arrière-grand-oncle, Amédée-le-Chauve.
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